Auteur : Dr Arthur Leclerc
Avec environ 3400 cas par an en France, les gliomes diffus sont les tumeurs primitives les plus fréquentes du système nerveux central. Leur grade varie de 2 à 4. Quel que soit ce grade, leur pronostic est sombre, car la récidive tumorale est systématique, parce qu’aucune médecine personnalisée n’est disponible pour le traitement de ces cancers et parce que les outils de suivi des récidives sont imparfaits. Ainsi, pour les gliomes diffus de grade 4, les plus fréquents des gliomes, le traitement repose sur l’exérèse de la tumeur la plus complète possible suivie par un protocole de radiothérapie et de chimiothérapie. En cas de récidive, une chimiothérapie de seconde ligne ou une nouvelle chirurgie peuvent être proposée(s) au patient.
Pendant et après le traitement, le patient est suivi régulièrement par des IRM afin de détecter le plus précocement possible une récidive et lui proposer un nouveau traitement. Néanmoins, le suivi IRM est imparfait car il ne permet pas de discriminer efficacement une radionécrose (correspondant à une nécrose du tissu cérébral dans les suites de la radiothérapie) d’une récidive tumorale vraie (c’est-à-dire d’une repousse de la tumeur à partir des berges de la cavité opératoire). Des patients sont donc parfois traités à tort, et bénéficient d’une seconde ligne de chimiothérapie ou d’une chirurgie (avec des conséquences parfois graves, incluant le décès d’une complication péri-opératoire) alors qu’in fine, ils ne présentaient qu’une radionécrose.
Pour pouvoir différencier ces situations cliniques, il est donc primordial d’identifier un biomarqueur fiable, facile à mettre en œuvre et non invasif permettant la surveillance des patients opérés d’un gliome diffus. Les micro-ARNs pourraient être ces biomarqueurs.
Les micro-ARNs sont de petits ARN non codants impliqués dans la régulation des gènes et par conséquent, des voies de signalisation intracellulaires qui régissent le comportement cellulaire. Ils sont ainsi largement impliqués dans l’oncogenèse, et notamment dans les mécanismes favorisant la migration, l’invasion et la prolifération tumorale.
Plusieurs études préliminaires ont montré que le taux sérique de micro-ARNs pro-oncogènes était corrélé au taux tumoral dans les gliomes. Une étude (Morokoff et al., 2020) s’est intéressée à l’évolution du taux de micro-ARNs pro-oncogènes après chirurgie et à la possibilité de les utiliser pour différentier récidive tumorale et radionécrose avec des résultats encourageants montrant que le taux plasmatique de micro-ARNs pro-oncogènes augmentait lors d’une récidive alors qu’il restait bas en cas de radionécrose. Néanmoins cette étude est rétrospective, seulement 7 patients atteints de gliomes de grade 4 sont rapportés et les prises de sang ont été réalisées sur des temps différents. Ces résultats préliminaires méritent donc d’être consolidés.
Par cette étude, nous souhaitons donc suivre les patients atteints de gliomes de grade 4 avec des prises de sang régulières, après recueil de leur non opposition et ce dans le but utiliser les micro-ARNS pro-oncogènes améliorer leur suivi et notamment différencier une récidive d’une radionécrose dans les gliomes de grade 4.
Nous souhaitons également :
· Confirmer la corrélation entre micro-ARNs pro-oncogènes tumoraux et plasmatiques
· Évaluer la liaison entre le taux plasmatique de micro-ARNs pro-oncogènes et : le volume tumoral, la survie sans récidive, la survie globale.
Nous espérons donc par cette étude développer un test sanguin, facile à utiliser au quotidien par les cliniciens et laboratoires pour confirmer une récidive tumorale vraie chez les patients atteints d’un gliome de grade 4. Cela permettra ainsi d’améliorer la prise en charge des patients et d’éviter un « surtraitement » aux conséquences souvent délétères ou au contraire un retard de prise en charge.
Dr Arthur Leclerc