GlioRun, Les gliomes diffus à l’île de la Réunion, un réel enjeu épidémiologique

Etudier les gliomes diffus à La Réunion ? Un projet rendu possible grâce à l’association Des étoiles dans la mer.

Les gliomes diffus sont les tumeurs malignes primitives du système nerveux central (SNC) les plus fréquentes chez l’adulte. Aux USA, ils  représentent environ 20% de l’ensemble des tumeurs primitives du névraxe (Ostrom et al., 2021 ). Dans la nouvelle classification de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Ils sont classés en fonction de leur grade histo-moléculaire (grades OMS, Louis et al., 2021). Les gliomes diffus sont schématiquement divisés en gliomes diffus de bas grade (grade 2) et gliomes diffus de haut grade (grade 3 et 4). Les causes de ces tumeurs sont globalement méconnues. Les variations d’incidence observée d’une région ou d’un pays à l’autre, s’expliquent en partie par des méthodes de recensement différentes, l’âge des populations, l’amélioration de l’accès aux soins, mais aussi en fonction de caractères intrinsèques (sexe, âge, groupe ethnique, terrain allergique, histoire familiale, polymorphismes génétiques, etc.), et des facteurs extrinsèques confirmés (radiations ionisantes) et/ou suspectés/discutés.

A La Réunion, avec une population de 859 959 habitants (janvier 2020), et à ce jour, il n’existe aucune donnée publiée sur les gliomes diffus que ce soit en termes biologiques, épidémiologiques, cliniques ou et des parcours de soins, et socio-culturels. Or, la population réunionnaise est une population multiculturelle et très cosmopolite, qui connaît un vieillissement rapide (ORS Océan Indien 2017), pour laquelle les indicateurs socio-économiques sont parmi les plus péjoratifs des départements français (Insee 2021). Enfin, les prises en charge des patients atteints de gliomes et notamment de gliomes de haut grade demeurent des prises en charge très lourdes avec des enjeux médico-sociaux importants (soins de supports, fin de vie, …).

Il a été démontré que l’incidence des gliomes diffus et les taux de survie sont significativement différents selon la biologie (Eckel-Passow et al. 2015 ; Louis et al. 2021) et les origines ethniques (Ostrom et al., 2021).

Etant-donné les spécificités sociodémographiques et culturelles de la population réunionnaise et les caractéristiques de l’organisation du système de santé à La Réunion, il paraît essentiel de mieux connaître les caractéristiques des gliomes à La Réunion en termes épidémiologiques, clinico-biologiques, socio-anthropologiques, et de la qualité de vie afin d’avoir les éléments pour en améliorer la qualité de la prise en charge.

L’objectif de cette étude est documenter l’épidémiologie des gliomes diffus à La Réunion sur les caractéristiques clinico-biologiques, anatomopathologiques et sociodémographiques.

L’étude qualitative socio-anthropologique prévue dans ce projet portera sur les itinéraires thérapeutiques et les expériences de la maladie concerneront un sous échantillon de patients de la cohorte constituée, et les professionnels intervenant dans leur prise en charge.

Dans un volet biologique, une collection des échantillons sera réalisée pour permettre des investigations biomoléculaires des gliomes inclus dans l’étude (en l’absence d’opposition du patient).

Ce projet a fait l’objet d’une évaluation par un comité scientifique qui a validé son intérêt. Actuellement, li est à l’étape des démarches réglementaires.

Mohamed KHETTAB

Oncologue médical au CHU de la Réunion